Le 4 mars prochain, les vaudois sont appelés à se prononcer sur une assurance dentaire obligatoire. Des textes similaires ont été déposés dans les cantons de Genève, Neuchâtel, du Valais et du Tessin.
La Société suisse des médecins-dentistes SSO est contre une assurance dentaire obligatoire vaudoise pour les soins de base.
Comment seront financé les 300 millions de francs par an que coûtera l’assurance dentaire obligatoire ?
- Par les salaires.
Les initiants mentionnent un montant d’environ 1% de prélèvement paritaire sur les salaires, soit une nouvelle ponction de plus de 200 millions de francs par an sur la masse salariale vaudoise. - Par les impôts.
L’initiative exige que les soins dentaires des retraités AVS et des jeunes de moins de 18 ans soient pris en charge par la politique sanitaire cantonale, autrement dit, par les impôts. Par conséquent, cette assurance serait financée à double par la classe moyenne déjà ponctionnée sur ses salaires. Conséquence sur un salaire médian mensuel vaudois de CHF 6000.- : CHF 720.- prélevés chaque année sur le salaire, et tôt ou tard, une hausse d’impôt. - Par les franchises.
Lors du point presse du 8 février dernier, le Conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard a détaillé son scénario le plus plausible en cas d’acceptation de l’initiative. Il ressort que des franchises annuelles de 300frs pour les adultes et 100frs pour les enfants seraient mises en place avant tout traitement de carie.
Qu’entend-t-on par soins de base ?
Selon les dires du Conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, les soins de base correspondent au référentiel cantonal, c’est à dire aux soins prodigués aux bénéficiaires de l’aide sociale.
L’assurance dentaire obligatoire vaudoise ne couvrirait ni frais d’orthodontie, ni soins esthétiques, ni couronnes, ni implants dentaires, ni traitements parodontaux complexes. Autrement dit, une assurance chère qui ne couvre pas les traitements les plus couteux.
Le modèle de soins dentaires en vigueur en Suisse repose sur le constat que des soins bucco-dentaires réguliers et méticuleux permettent d’éviter la plupart des affections dentaires. Les assurances sociales remboursent les soins dentaires s’ils sont occasionnés par les affections graves et non évitables du système de la mastication ou rendus nécessaires par une maladie, s’ils sont causés par un accident ou s’ils sont occasionnés par une infirmité congénitale. La prophylaxie est la colonne vertébrale de ce modèle de soins. Cela fait des décennies que les médecins-dentistes suisses accomplissent un travail de prévention dans tout le pays. Ils s’engagent dans les soins dentaires scolaires et conduisent leurs propres campagnes de prévention. Ces mesures ont contribué à faire reculer l’incidence de la carie chez les écoliers de 90 % au cours des 50 dernières années. Une étude réalisée par l’Organisation mondiale de la santé OMS a montré que dans aucun autre pays les jeunes âgés de treize ans ne se brossent aussi souvent les dents que dans le nôtre. Dans ce domaine, la Suisse fait mieux que les pays qui connaissent un régime d’assurance dentaire obligatoire ou dans lesquels le système de santé rembourse les prestations de médecine dentaire. Il ne fait aucun doute que le modèle existant peut encore être amélioré, mais la Société suisse des médecins-dentistes SSO se mobilise pour que ce qui fonctionne ne soit pas détruit.